L'union fait la force

Décriée par certains maires, attendue par d'autres, la vidéoprotection ne fait pas l'unanimité. Le Jura a trouvé une autre alternative : la « sécurité participative ».

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Les commerçants de Chauny (12.000 habitants.), dans l'Aisne, ont retrouvé une certaine sérénité depuis que le maire a procédé à l'installation d'une vidéosurveillance en 2007.

Christophe Delepine, boulanger-pâtissier dans le centre de ville, avoue qu'il se sent « bien entouré ». « La vidéo, c'est sécurisant. En trois ans, je n'ai eu aucun acte de malveillance à déplorer. Les faits sont là.

Pourtant, la ville est atteinte par le chômage ; on pourrait s'attendre au contraire », avoue-t-il, convaincu du dispositif.

Grilles et blindages anti-effraction ralentissent les « pros » du vol.

« Big brother » vous veut du bien

L'installation de caméras dans la rue est en fait loin de faire l'unanimité. Elle ferait plutôt polémique, même parmi les experts. Malgré tout, 2.000 communes se sont équipées en 2009, contre 500 en 2008.

2010 ne devrait pas faire démentir ce plébiscite. Même si son efficacité sur la délinquance est décriée, le dispositif est en tout cas une aide précieuse pour les enquêteurs et… un levier intéressant pour faire baisser les assurances !

A ce titre, Thierry Huteau est un peu déçu, comme la plupart de ses collègues commerçants installés sur la rue principale de Bletterans (1.400 habitants). Le projet d'installation d'une vidéosurveillance publique est tombé à l'eau l'année dernière.

« Le conseil municipal a préféré enterrer le projet qui était pourtant bien engagé par l'Union commerciale. Je trouve ça dommage, on avait tout à gagner. Moi, je dis que la vidéo ça dérange ceux qui ont quelque chose à se reprocher ! », déplore le boulanger-pâtissier.

A noter que la procédure de « vidéoprotection » prévoit que les enregistrements soient visionnés uniquement en cas d'actes de malveillance (voilà pourquoi on ne parle plus de vidéosurveillance…).

Avec « Alertes Commerces »,les malfaiteurs perdentl'effet de surprise(Vitrophanie et tract de prévention). (photo)

Commerçants citoyens

Thierry Huteau a déjà essuyé quelques intrusions, mais « rien de bien méchant ». Il touche du bois et fait surtout partie du réseau « Alerte Commerces », comme près de 500 commerçants dans le Jura. Le dispositif est tout récent (janvier 2010) et commence à faire parler de lui (la Nièvre devrait emboîter le pas).

« Quand un vol se produit dans le coin, on reçoit un sms décrivant le type de délit et le malfaiteur. On augmente alors la vigilance et on vide les caisses », précise-t-il.

Michel Dronier, président de la Fédération jurassienne du commerce (FJC), est à l'initiative de ce système, élaboré avec les forces de l'ordre et la chambre de commerce du Jura.

« Le principe est simple, explique-t-il. Lorsqu'un commerce se fait braquer, le gérant appelle immédiatement le 17. Après vérification et dans un délai de trente minutes au maximum, la gendarmerie envoie aux adhérents concernés un sms d'alerte. »

Le procédé fonctionne aussi contre les escrocs aux moyens de paiement et aux « rendez-moi » et pourrait bientôt être appliqué aux cambriolages de nuit. Il part de l'observation, souvent vérifiée, que les auteurs des délits opèrent en série sur un même lieu géographique.

« L'objectif est d'enrayer la délinquance. La gendarmerie traque les voleurs en toute discrétion, grâce à la participation de chacun. Plus on est nombreux, plus c'est efficace ! », revendique-t-il, en ajoutant que les commerçants sont les meilleurs observateurs qui soient.

En permettant aux adhérents de bénéficier de services utiles, Michel Dronier compte bien faire d'« Alerte Commerces » un concept global, applicable partout en France.

par Armand Tandeau (publié le 4 octobre 2010)

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